Ces dernières semaines, je me suis un peu – beaucoup, en réalité – creusé la tête concernant ce que j’ai envie de partager par ici. Entre les articles « utiles » et ceux plus personnels, mon cœur balance. J’ai peur de tomber dans le trop aseptisé autant que dans le trop intime, le trop narcissique. Depuis un an et demi, j’ai d’ailleurs laissé tomber les billets « instantanés » qui ont rythmé les premiers mois de vie de ce blog, justement à cause de cette crainte du narcissisme, de trop m’épancher, de trop « raconter ma vie » – alors que même dans ces billets-là, je n’ai pas l’impression d’en raconter tant que ça. Par crainte aussi que ça n’intéresse personne, et voilà une autre question que je me pose souvent: rédige-t-on un blog pour soi-même, ou pour les autres ? Et moi, pourquoi est-ce que je le fais ? Je n’aurais aucune envie de retourner au type de blog-journal-intime que je tenais il y a une quinzaine d’années, mais je constate aussi que les billets personnels sont souvent parmi ceux qui me touchent le plus sur les blogs des autres. J’aime lire des articles pratiques, des articles politiques, des conseils et recommandations en tout genre, mais j’apprécie également de découvrir les réflexions et les petits extraits du quotidien des personnes qui en sont à l’origine. C’est d’ailleurs la lecture du dernier bilan trimestriel de Marie qui m’a donnée envie de retenter le coup, et de vous raconter un peu mon début d’année.
Décembre
En 2017, il m’est arrivé quelque chose de plutôt inhabituel: un mois de décembre tranquille. D’habitude, je me retrouve toujours avec une montagne de projets à boucler vite vite vite avant les fêtes, à croire que l’Apocalypse est programmée chaque 1er janvier. Cette année, la fin du monde a été avancée d’un mois, la plupart de mes délais tombaient fin novembre (pour des projets démarrés, pour certains, à peine un mois plus tôt), et j’ai réussi à ralentir et à souffler un peu en décembre. Ce qui m’a permis de partir passer un week-end à Paris chez mon amie J., de profiter des premières chutes de neige de l’hiver, d’arpenter les rues joliment décorées de Bienne et de Neuchâtel, de consacrer un peu de temps à des cadeaux faits maison, gourmands et végétaliens.
J’éprouve une affection très particulière pour le mois de décembre; malgré l’accumulation de fatigue, le manque de lumière et le froid qui s’installe, c’est une de mes périodes préférées. J’aime l’approche des fêtes de fin d’année, l’ambiance des marchés de Noël et des rues illuminées, les Grittibänz et le jus de pommes chaud savourés dans la rue, les vacances tranquilles à la maison. Cette année, j’ai d’ailleurs eu envie d’immortaliser ces jolis moments de décembre en partageant sur Instagram au moins une photo par jour jusqu’à Noël, et j’aime énormément la galerie d’images hivernales composée grâce à ce petit défi.
Janvier
En janvier, on a passé une belle après-midi à Yverdon, avec un R2-D2 steampunk, du thé et de la tarte aux pommes, et on a emmené ma maman à Berne pour un brunch végé et une visite du Musée de la Communication. Il y a eu de délicieuses tartines roses un samedi matin dans la vieille ville, de belles balades au bord du lac, une escapade dans l’Oberland Bernois qui s’est soldée par un semi-échec, mes chatons mignons comme toujours et ma nouvelle collègue à poils longs ♥︎
Mon début d’année a été marqué par la reprise d’un emploi salarié à temps partiel, dans le beau bâtiment rouge que vous voyez sur la photo ci-dessous. Retourner travailler en entreprise ne faisait pas du tout partie de mes projets à court terme, jusqu’à ce qu’une très chouette opportunité se présente et que je décide de la saisir. Me voilà donc avec une troisième casquette sur la tête, en plus de mon status de freelance et de Mon P’tit Chat, je suis également associée d’une petite agence web où je commence peu à peu à prendre mes marques.
L’autre jour, on discutait avec mon mari du fameux « Vous vous voyez où dans cinq ans ? », ce classique absurde des entretiens d’embauche. La vérité, c’est que je n’ai jamais su répondre à cette question (et encore moins à sa variante « dans dix ans », sérieusement QUI arrive à se projeter dans dix ans ???). Je n’ai jamais eu de « plan de carrière », et je trouve l’idée de passer 20 ou 30 ans à faire plus ou moins la même chose dans la même entreprise hautement anxiogène. Ce mois de janvier, ça a fait 10 ans que j’ai commencé à travailler, et j’ai cumulé presque autant de jobs différents que mes parents en plus de 40 ans. Mon parcours professionnel est construit sur une succession d’opportunités et de choix qui découlent plus ou moins les uns des autres et des rencontrent faites en cours de route. J’aime avoir la possibilité – et le privilège, car je suis bien consciente que tout le monde n’a pas cette chance – de pouvoir suivre mes envies, de pouvoir expérimenter, faire des erreurs, apprendre de nouvelles choses, et surtout de ne pas me sentir enfermée dans un travail ou une entreprise. Je n’ai pas la moindre idée de ce que je ferai dans cinq ans, mais je suis plutôt contente de ce que je fais et de là où je suis maintenant.
Février, début mars
Février marque toujours pour moi le début de l’attente impatiente du printemps. Je guette chaque signe de son arrivée, les matins de plus en plus clairs, les premiers rayons de soleil sur le balcon, les minuscules bourgeons qui commencent à apparaître sur les branches des arbres. Après avoir passé deux à trois mois calfeutrée à la maison, j’ai hâte de pouvoir à nouveau passer du temps à l’extérieur, de pouvoir recommencer les balades et les petites randonnées dans ma région, de voir la nature reprendre vie. J’ai envie de clore la parenthèse hivernale, de sortir d’hibernation. Sauf que bon cette année, inutile de vous faire un dessin, le printemps n’est pas vraiment pressé d’arriver. Alors ces dernières semaines, j’essaie de prendre mon mal en patience et de profiter comme je peux de cet hiver à rallonge. Pour me lancer dans des petites activités créatives (dont je vous reparlerai peut-être), pour bouquiner dans mon canapé à défaut du balcon, pour passer des petites soirées tranquilles, pour cuisiner des plats réconfortants, pour admirer la poésie des paysages hivernaux.
Début mars, j’ai également eu envie de faire un petit pas hors de ma zone de confort et j’ai assisté à une soirée organisée à Neuchâtel par l’association Genuine Women. Je suis toujours réticente à participer à ce type d’événements de « réseautage »; je ne me sens jamais à l’aise et très à ma place dans les environnements qui demandent des compétences sociales dont je suis dépourvue, je ne sais pas trop comment aborder les gens, le bruit et la foule me fatiguent vite. Ce soir-là n’a pas fait exception à la règle, mais au-delà de mon relatif inconfort, j’y ai aussi trouvé un état d’esprit positif et des messages inspirants qui m’ont fait un bien fou. Ce n’est pas toujours facile, quand on se lance dans un chemin professionnel atypique, d’échanger avec des personnes qui partagent notre vision du travail, aussi bien parmi les salarié·es que parmi les entrepreneurs. De concilier nos envies d’expérimenter, de sortir des cases, avec nos craintes et celles de notre entourage, mais aussi avec la réalité, notamment financière, du quotidien (prout à tou·tes mes compatriotes qui ont voté contre le revenu de base en 2015). D’écouter nos envies, de se dire qu’on fait les bons choix, de rester nous-mêmes alors que les injonctions à un certain type de réussite (la richesse, la croissance) sont tellement nombreuses et tellement fortes dès qu’on parle d’entreprenariat. Alors entendre ces femmes évoquer leur parcours, leurs passions, mais aussi leurs doutes et les difficultés qu’elles ont pu rencontrer et dont elles se sont servies pour rebondir, c’était vraiment agréable et inspirant. Et tant qu’à faire, j’ai même réussi à discuter avec des personnes très chouettes, ce que je considère toujours une petite victoire personnelle !
Et vous, comment s’est passé votre début d’année ?
4 commentaires
Virginie
Coucou,
ça vaut ce que ça vaut mais j’aime beaucoup de genre de billets 😉
Bisous
Virginie
Aline
Merci beaucoup <3
Bisous à toi !
kReEsTaL
Ah trop chouette, je suis vraiment ravie que tu aies suivi ton intuition de relancer ce type de billet sur ton blog ! Le résultat est vraiment génial ! Y’a rien à faire, les billets personnels sont ceux que j’aime le plus lire (bon, ok, ex-aequo avec les billets culinaires, hihi).
À propos de la question « Vous vous voyez où dans XX ans ? » – en effet, c’est assez curieux. J’ai l’impression que ça fait partie des questions de recrutement un peu bateau que les recruteurs et recruteuses posent machinalement, un peu comme « Quels sont vos défauts ? », à laquelle tu es censée répondre une qualité… C’est un jeu de dupes qui a le don de m’agacer prodigieusement, car on n’attend pas que tu sois sincère, on attend de toi que tu te conformes à une espèce de cérémonie datée.
Bon. Toujours est-il que ce qui compte pour moi aujourd’hui, ce n’est pas ce que je ferai ni où je serai dans 5 ans, mais bien l’instant présent. Après, je ne dis pas, c’est sain d’avoir quelques objectifs. Mais ça l’est tout autant de se laisser porter et de vivre au jour le jour. Le hasard fait souvent bien les choses.
Pour ce que ça vaut, je suis moi aussi heureuse du chemin que j’ai parcouru aujourd’hui, tant d’un point de vue pro que personnel, et chaque jour je savoure le fait d’être libre de mes choix, indépendante financièrement, et émotionnellement comblée. Il faut le dire aussi, quand tout va bien 🙂
Aline
Merci beaucoup pour tes gentils mots, ça me touche énormément <3
Je me suis toujours demandé s'il y a vraiment des gens qui se projettent professionnellement dans 10 ans ou plus o.O Surtout parmi ceux de notre génération. Et j'ai toujours été tentée de répondre que je ne suis déjà pas foutue faire des projets pour le week-end prochain, alors bon… Je pense aussi que c'est sain et stimulant d'avoir des objectifs professionnels, mais je n'en fais pas une priorité absolue et je n'ai pas envie de "forcer" les choses si ça ne se fait pas naturellement. D'ailleurs je constate que souvent, lorsque je pense avoir enterré une idée de projet, elle resurgit plus tard dans des circonstances plus favorables.
Il y a quelques années, ça m'angoissait un peu (voire beaucoup), cette espèce d'incertitude professionnelle, mais je crois que je suis en train d'apprendre à lâcher du leste et à me dire que j'ai la capacité de rebondir en cas de nécessité (et la sécurité financière qu'apporte le fait de ne pas être seule à payer le loyer, il faut reconnaître que la fin des études de mon mari m'a bien aidée à moins me mettre la pression).