Dernières lectures – Hiver 2020

Livres lus en janvier, février et mars 2020

L’année passée, j’ai un peu perdu l’envie – et, surtout, la motivation – de vous parler régulièrement des livres que je lis, comme je l’avais fait de manière très régulière l’année précédente.

Mais voilà que l’envie revient peu à peu, alors hop je m’en saisis pour écrire quelques lignes à propos de mes lectures de ces derniers mois. J’ai pas mal lu cet hiver, dont un livre issu de la pile à lire que j’ai définie en début d’année. Au programme: des petits romans mignons et un peu niais, des essais militants, une biographie un peu militante elle aussi, de très belles bande-dessinées, le dernier volume d’une saga de fantasy que j’ai lu en même temps que tout le monde, et une très grosse déception.

Pour commencer, je souhaitais partager quelques bons plans en cette période de fermeture des librairies, mais aussi quelques idées pour soutenir les petits commerces et éditeurs qui dépendent financièrement de la vente de livres. J’insiste en revanche sur le fait que ce n’est pas du tout le moment de commander des trucs sur Amazon, et d’une manière générale c’est une bonne idée d’éviter de charger davantage les services de livraisons postales, qui sont complètement débordés aussi bien en Suisse qu’en France. Heureusement il y a d’autres solutions !

Lectures gratuites

  • Chez les éditions Zones, Chez Soi de Mona Chollet est actuellement en accès libre, et ça c’est une merveilleuse nouvelle (en réalité, tous les textes publiés chez Zones sont disponibles gratuitement sur leur site, mais Chez Soi est le seul à bénéficier d’un format de lecture confortable). Il s’agit d’une lecture fort intéressante, et de circonstance en cette période où nous sommes nombreux·ses à devoir ré-apprivoiser notre logement.
  • Sur le site de leur petite maison d’édition, Monstrograph, Coline Pierré et Martin Page offrent six de leurs livres au format PDF pendant la durée du confinement. Je vous conseille mille fois Éloge des fins heureuses, que j’ai lu l’année dernière, ce petit livre est une pépite ♥︎
  • Pour des lectures militantes: les éditions La Fabrique offrent quant à eux dix de leurs livres en version numérique (epub). Je vais pour ma part en profiter pour découvrir la plume de Françoise Vergès avec Un féminisme décolonial.
  • Pour de la rigolade (et apprendre des trucs dont on ignorait complètement qu’on avait envie de les connaître): la très chouette BD en ligne Au Fond du Trou raconte les péripéties d’un jeune couple qui décide de rénover une habitation troglodytique pour s’y installer.
  • Chaque matin, Pauline du blog Un invincible été publie un chapitre de son roman, Limoges pour mourir. J’ai un très gros coup de cœur pour ce texte à la fois triste et doux, et la plume de Pauline est un délice. Un de mes petits rituels du moment, pour accompagner ma tisane matinale ou mon café du midi.

Livres électroniques

Si vous êtes équipé·e d’une liseuse électronique ou que ça ne vous dérange pas de lire un fichier PDF sur votre ordinateur ou votre tablette, le livre numérique est un super moyen de continuer à soutenir aussi bien les librairies que les maisons d’édition en cette période compliquée.

  • La plateforme e-readers.ch regroupe une trentaine de librairies indépendantes en Suisse qui vendent des livres numériques. Je ne l’ai pas encore utilisé, mais le système a l’air bien fichu: on passe commande via le site, en ayant préalablement sélectionné la librairie auprès de laquelle on souhaite effectuer notre achat. Une bonne solution pour les petits commerces qui n’ont pas les moyens d’investir dans une plateforme de vente en ligne.
  • La plateforme ePagine propose un service similaire pour les librairies françaises.
  • Le site des librairies Payot et permet également d’acheter des e-books au format ePub ou PDF.
  • La plateforme Ebooks libres et gratuits propose des centaines de livres numériques libres de droits, notamment des classiques qui sont entrés dans le domaine public. L’occasion parfaite pour découvrir la bibliographie de Jane Austen !
  • Si vous êtes plutôt adepte des emprunts en bibliothèques (on ne va pas se mentir, le prix des livres numériques francophones à l’achat, c’est souvent une belle arnaque), un grand nombre d’entre elles proposent le prêt de livres au format numérique. Une centaine de bibliothèques suisses sont regroupées sur la plateforme e-bibliomedia (faites-moi signe si vous connaissez un équivalent français).

Comment soutenir les librairies pendant le confinement

En évitant autant que possible de commander sur Amazon.
Maintenant en particulier, mais le reste du temps aussi d’ailleurs.

Certaines librairies ont mis en place un service de livraison à domicile ou proposent d’autres moyens de les aider, par exemple l’achat de bons qui pourront être utilisés plus tard et leur permettent d’avoir des liquidités pour affronter la crise. Ces deux sites recensent des librairies indépendantes qui peuvent être soutenues de différentes façons, n’hésitez pas à contacter votre librairie de quartier pour savoir comment leur donner un coup de pouce.

Livres lus en janvier, février et mars 2020
Ada ou la beauté des nombres, Catherine Dufour

Ada ou la beauté des nombres by Catherine Dufour

Saviez-vous que parmi les pionniers du développement informatique, ce milieu aujourd’hui tellement masculin, figurent de nombreuses femmes ? Des femmes qui ont posé les bases de certains concepts essentiels de la programmation, ou inventé les systèmes dont nos réseaux de communication modernes sont les descendants.

La première d’entre elles, c’est Ada Lovelace, une lady anglaise qui a écrit, un siècle avant l’invention de l’ordinateur, ce qu’on considère aujourd’hui comme le tout premier algorithme informatique.

C’est dans un autre livre de Catherine Dufour que j’ai fait la connaissance d’Ada; je vous en avais d’ailleurs parlé par ici, il y a cinq ans. Catherine Dufour est elle-même ingénieure en informatique, il n’est donc pas surprenant qu’elle ait choisi d’écrire cette biographie d’Ada Lovelace.

Dans son Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas finir princesses, elle mentionne d’ailleurs également d’autres pionnières du domaine: Grace Hoper, qui a conçu le premier compilateur en 1951 et imaginé le concept d’open source; ou encore Hedy Lamarr, plus connue pour sa sulfureuse carrière d’actrice, qui a inventé pendant la deuxième guerre mondiale un système de transmission de données codées, ancêtre des techniques utilisées pour la téléphonie mobile ou le Wi-Fi. Cette dernière s’est d’ailleurs bien faite avoir, puisque son invention n’a été utilisée… qu’après l’expiration de son brevet. Elle n’a donc jamais touché un sous.

Mais revenons à Ada. Fille d’un illustre poète anglais – Lord Byron, qu’elle ne connaîtra jamais – et d’une lady férue de mathématique, la jeune Ada est initiée à celles-ci par sa mère, Annabella, qui espère ainsi empêcher qu’elle ne développe le tempérament volage et destructeur de son père. À cette époque, les femmes n’ont pas le droit d’aller à l’université. Mais les mathématiques ne sont alors pas considérées comme un sujet très sérieux, tout juste un passe temps pour « gentlemen oisifs » selon Catherine Dufour. Il s’agirait de la principale raison pour laquelle certaines femmes de l’aristocratie ont le droit de les étudier, avec des précepteurs privés, au même titre que les arts.

Vous me direz qu’il paraît étrange de laisser une femme approcher de si près cette source de pouvoir que sont les mathématiques. Mais cette source ne coule que chez nous. Si, aujourd’hui, être un crack en maths ouvre les portes des écoles les plus prestigieuses, des postes les plus convoités et des rémunérations les plus grasses, au début du XIXe siècle, en Angleterre, les mathématiques ne sont qu’une gymnastique intellectuelle bonne pour les gentlemen of leisure et les ouvrages de dame. On gagne mieux sa vie à l’église, au barreau, en médecine, dans les manufactures, sur la mer, à l’armée, aux colonies, sur les champs de course ou à la cour – partout ailleurs, en fait.

Des années plus tard, Ada rencontre le mathématicien Charles Babbage, inventeur de la machine analytique, un gigantesque calculateur ancêtre de l’ordinateur. En 1842, elle s’attèle à la traduction d’un article rédigé par un mathématicien italien qui décrit la machine de Babbage. À la suggestion de ce dernier, elle enrichit l’article de ses notes personnelles, qui représenteront au final près de trois fois le volume de la publication initiale.

Les notes d’Ada vont beaucoup plus loin qu’une simple description de la machine: elle imagine un cas d’utilisation concrète et rédige le programme qui permettrait de faire fonctionner la machine analytique. Il s’agit de la note G, qui s’accompagne d’un diagramme détaillé 1, et comporte les premières variables et surtout les premières boucles – des composants indispensable à tout programme informatique – de l’histoire de la programmation 2.

Rien ne prédisposait Ada à devenir informaticienne. Issue de deux très nobles familles, c’est une vraie lady anglaise perdue dans les brumes du romantisme. Pâle, perpétuellement malade, serrée dans des robes de cour aussi coûteuses qu’inconfortables, elle vit coincée entre une mère intraitable et un mari maltraitant. Elle aurait pu dépenser sa brève existence dans des occupations compatibles avec son statut social et son époque: boire du thé, broder des nappes ou mourir des fièvres en Inde. Seul un formidable effort de transcendance l’a poussée à mettre au point sa « Note G ».

Elle a imaginé l’informatique, elle l’a tirée du néant en un temps où il n’y avait pas encore la moindre trace de modernité. Toute seule avec sa plume d’oie, devant son écritoire râpé, Ada a réussi à marquer notre civilisation autant que Pasteur, Einstein ou Fleming. Elle a bricolé une lampe qui s’est levée comme un soleil sur la seconde moitié du XXe siècle et qui illumine le troisième millénaire, modifiant la forme et le devenir de toute activité humaine.

Aujourd’hui, on entend souvent que l’informatique, c’est un truc de mecs. Que les femmes ne comprennent rien aux ordinateurs. On invoque même parfois la biologie pour expliquer que nos cerveaux féminins ne seraient pas câblés pour les maths, les sciences et les disciplines techniques en général – cela a même été suggéré en 2005 par le président de Harvard, qui a fort heureusement été prié de démissionner suite à cette déclaration et plein d’autres propos foireux 3. Les écoles qui forment des ingénieur·es en informatique sont remplies d’hommes, et les rares femmes qui se lancent dans ces études doivent constamment prouver qu’elles y ont bien leur place. Jusqu’au début des années 80, la programmation était pourtant plutôt considérée comme un domaine féminin, car il s’agissait d’un travail de bureau et qu’on n’imaginait pas l’importance que l’informatique acquerrait dans les vingt années suivantes. Dans l’épilogue du livre, Catherine Dufour cite la professeure en systèmes de communication Chantal Morley, qui avance l’explication suivante: c’est uniquement lorsque les besoins en compétences en programmation ont commencé à augmenter, et les salaires avec, que les hommes se sont emparés de l’informatique. L’académisation du milieu, la culture populaire et les algorithmes basés sur des biais genrés feront le reste du travail 4.

Le parcours d’Ada, et de toutes les femmes qui lui ont succédé, aide à remettre un peu tout ça en perspective et démontre à quel point ce qu’on considère parfois comme étant inné ne relève bien souvent de rien d’autre que de la construction sociale.

Cette biographie se lit comme on lirait un roman, c’est rythmé et rempli d’humour – même si le rire est souvent un peu amer, la vie d’Ada ne prêtant pas en soi matière à beaucoup rigoler. La plume de Catherine Dufour est toujours aussi agréable et atypique, j’ai beaucoup apprécié le côté très informel du vocabulaire utilisé ainsi que la manière dont elle vulgarise les éléments scientifiques. Le texte est très accessible même si on n’y connait rien en math et en informatique, on mesure sans difficulté l’importance des découvertes effectuées par Ada Lovelace sans entrer dans des détails trop techniques. Catherine Dufour s’intéresse également à l’entourage d’Ada, ses parents, ses mentors, ceux et celles qui lui succédèrent. Elle nous offre ainsi un portrait assez piquant de la drôle d’époque à laquelle ils et elles vécurent, à la fois corsetée jusqu’à l’étouffement et d’une grande richesse intellectuelle.

Si vous vous demandiez comment les Anglaises et les Anglais réussissent à traverser ce long tunnel d’oppression qu’est l’ère victorienne, maintenant, vous savez: toute la population est droguée jusqu’aux yeux.

Beauté Fatale, Mona Chollet

Beauté Fatale: les nouveaux visages d’une aliénation féminine by Mona Chollet

« Autant l’admettre : dans une société où compte avant tout l’écoulement des produits, où la logique consumériste s’étend à tous les domaines de la vie, où l’évanouissement des idéaux laisse le champ libre à toutes les névroses, où règnent à la fois les fantasmes de toute-puissance et une très vieille haine du corps, surtout lorsqu’il est féminin, nous n’avons quasiment aucune chance de vivre les soins de beauté dans le climat de sérénité idyllique que nous vend l’illusion publicitaire.

Pourtant, même si l’on soupire de temps à autre contre des normes tyranniques, la réalité de ce que recouvrent les préoccupations esthétiques chez les femmes fait l’objet d’un déni stupéfiant. L’image de la femme équilibrée, épanouie, à la fois active et séductrice, se démenant pour ne rater aucune des opportunités que lui offre notre monde moderne et égalitaire, constitue une sorte de vérité officielle à laquelle personne ne semble vouloir renoncer. »

Dans cet essai, Mona Chollet propose une réflexion sur les multiples injonctions, souvent contradictoires, qui pèsent sur les corps féminins: il faut être belle, mais ne surtout pas se trouver belle; être apprêtée sans que ça se remarque ou que ça ne semble être un effort; rester naturelle, mais dépenser quand même des fortunes en produits de beauté; infliger à nos corps, au nom de l’esthétisme, tout un tas de douleurs, de procédés chronophages, coûteux et parfois dangereux – épilation, talons hauts, colorations, défrisages, dépigmentation de la peau, régimes à répétition, actes chirurgicaux… – mais le faire avec joie et « parce qu’on en a envie ». Elle évoque les ravages sur notre amour-propre de la publicité à laquelle les industries de la mode et de la beauté nous soumettent constamment, et la manière dont la presse féminine nous invente toute une pléiade de complexes auxquels nous n’aurions même pas pensé, dans le but de nous faire dépenser un maximum d’argent auprès de leurs annonceurs.

Il est intéressant de noter que Beauté Fatale a été écrit en 2012. Par certains aspects, j’ai trouvé que cela se ressentait un peu; Mona Chollet évoque énormément la presse féminine, en 2020 il y aurait évidemment beaucoup à dire sur la manière dont les réseaux sociaux ont pris le relais.

Et pourtant, huit ans après sa rédaction, le livre de Mona Chollet reste tristement d’actualité et j’ai même trouvé que certains passages résonnaient de manière très particulière en cette étrange période où une partie de la population est confinée à la maison. Un peu partout sur Internet et dans les médias conventionnels, on voit se multiplier les appels à ne pas prendre de poids, à rester bien épilée, à continuer de se maquiller, etc., malgré la situation compliquée et stressante que nous vivons. Qu’on s’entende bien: si à titre personnel ça vous aide à vous sentir bien de faire de l’exercice et de porter du maquillage, si vous y trouvez du réconfort, alors tant mieux, vraiment. Le système tapis derrière ces rappels à l’ordre n’en est pas moins critiquable: en toutes circonstances, il est attendu des femmes que notre apparence reste au cœur de nos préoccupations.

Mona Chollet évoque à quel point le le soucis de correspondre à certaines normes de beauté s’immisce dès le plus jeune âge dans la vie des fillettes, que ce soit de façon frontale via les concours de « mini-miss » (qui auraient depuis été interdits en France, et je ne crois pas que ce type de concours existe en Suisse) ou la presse qui leur est directement destinée, ou de manière plus sournoise via les complexes et le mal être de leurs mères. Comment ne pas normaliser les régimes, l’épilation, les colorations capillaires, lorsque c’est ce qu’on voit autour de nous depuis l’enfance ? Le passage où elle parle de l’âge très jeune auquel certaines petites filles se entament un régime – où y sont mises par leur mère – m’a rappelé ma petite voisine, âgée à l’époque de huit ou neuf, grande pour son âge et à peine dodue, qui refusait un morceau de lapin en chocolat par peut que ça la fasse grossir. Comment peut-on développer un rapport sain à notre corps, alors que dès l’enfance on nous apprend que grossir, c’est ce qui peut nous arriver de pire, et que perdre du poids est toujours un objectif souhaitable ?

Les conséquences de cette aliénation sont loin de se limiter à une perte de temps, d’argent et d’énergie. La peur de ne pas plaire, de ne pas correspondre aux attentes, la soumission aux jugements extérieurs, la certitude de ne jamais être assez bien pour mériter l’amour et l’attention des autres traduisent et amplifient tout à la fois une insécurité psychique et une autodévalorisation qui étendent leurs effets à tous les domaines de la vie des femmes.

Au fil des chapitres, l’autrice détricote les liens étroits qui relient les différents acteurs des industries de la mode et de la beauté et expose les effets pervers sur notre quotidien. La liste des sujets abordés est longue, touche à de nombreux aspects de nos vies, et démontre également à quel point nous sommes inégales pour lutter contre les injonctions qui pèsent sur nos corps. Les femmes racisées sont par exemple soumises à des diktats encore plus inatteignables, puisque les traits valorisés, ceux considérés comme beaux par la société et constamment mis en avant par les médias et les grandes marques de cosmétiques, sont des traits caucasiens: peau pâle mais bronzée, grands yeux, des cheveux lisses et soyeux. Selon nos origines, notre milieu social ou familial, on ne disposera pas des mêmes armes pour lutter contre ce système qui cherche à nous faire croire que notre valeur dépend de notre apparence.

Mona Chollet parle aussi longuement des dangers liés à la glorification des actrices et des mannequins, dont les vies en apparence si parfaites, exposées dans les pages des magazines, nous font rêver et poussent de très jeunes filles à tomber dans un système violent et abusif. J’ai trouvé ses réflexions à ce sujet particulièrement intéressantes.

Pour aller beaucoup plus loin dans l’analyse et la réflexion autour de Beauté Fatale, je ne peux que vous conseiller la lecture des deux articles que Marion a publié sur son blog: Le culte du physique vu par Mona Chollet, partie 1 et partie 2.

J’ai trouvé cet essai à la fois complexe et enrichissant. Si je n’ai pas l’impression d’avoir appris grand chose que je ne soupçonnais pas déjà, il m’a permis de mieux comprendre les rouages d’un système qui impacte chaque jour la vie d’une majorité de femmes.

Je terminerai toutefois avec un petit bémol, un élément qui m’a gênée à plusieurs reprises au cours de ma lecture, et sur lequel je ressens le besoin de m’attarder un peu. Si j’ai apprécié le ton globalement radical et un peu piquant de Mona Chollet, j’ai parfois perçu une sorte de condescendance – davantage dans la forme des propos que dans le fond – à l’égard de certaines femmes, celles qui se préoccupent de leur apparence et jouent en quelque sorte le jeu des milieux qu’elle dénonce. J’ai eu l’impression de retrouver l’aigreur dont je pouvais faire preuve, adolescente et jeune adulte, lorsque je me moquais des filles et des femmes que je jugeais « superficielles », ce qui est nul dans tous les cas mais encore plus dans le contexte d’un ouvrage féministe. Dénoncer et déconstruire le système qui nous pousse à accorder à notre apparence une attention et une importance démesurées et malsaines, critiquer les contenus qu’on nous propose via les médias traditionnels ou en ligne, c’est évidemment indispensable et salvateur. Mais ça n’autorise pas à faire preuve de mépris pour celles qui s’y conforment. Porter des talons hauts ou du maquillage, s’épiler les jambes ou se teindre les cheveux, ne fait pas forcément de nous des cruches écervelées et influençables.

À ce titre, j’ai d’ailleurs trouvé que Mona Chollet se contredisait parfois elle-même, puisqu’elle défend d’une part l’importance d’entretenir des valeurs et une culture considérées comme « féminines », tout en faisant preuve d’un certain dédain à l’encontre de ce qu’on pourrait qualifier de girly (je n’aime pas particulièrement ce terme mais on se comprend).

C'est comme ça que je disparais, Mirion Malle

C’est comme ça que je disparais by Mirion Malle

Clara vit à Montréal, où elle partage son quotidien entre son job d’attachée de presse dans une maison d’édition, la rédaction de son nouveau recueil de poésie qu’elle peine à terminer, et son groupe d’ami·es plus ou moins proches.

Clara souffre également de dépression. Un aspect de sa vie parmi d’autres, mais qui prend petit à petit toute la place dans son quotidien.

C’est comme ça que je disparais est un ouvrage qui m’a profondément émue. J’ai été très touchée par la délicatesse et la sensibilité avec laquelle Mirion Malle parle de la dépression. C’est à la fois triste et doux, bouleversant et plein d’espoir. On entre dans la vie de Clara après une séance avec sa psy, à qui elle se confie sur le « goût de mourir » qui l’assaille depuis l’adolescence. Face au manque d’empathie de la thérapeute, elle décide de ne plus la voir. J’ai trouvé intéressant de montrer la difficulté pour une personne souffrant d’une maladie mentale d’accéder aux soins appropriés. Entre la difficulté de trouver la personne qui convient, les tarifs élevés, les délais d’attente en temps que nouveau ou nouvelle patient·e, trouver l’aide nécessaire demande une énergie et des ressources d’autant plus difficiles à mobiliser quand on va mal psychologiquement. Mirion Malle nous emmène à l’intérieur des émotions de son personnage, on ressent la manière dont la dépression s’infiltre dans sa vie, rend tout de plus en plus difficile, parfois insurmontable.

Tu vois… j’avais peur de creuser sous le vide parce que, quand ça explose, il y a tout ça, la rage, la colère, la détresse, l’impuissance… parce que c’est INJUSTE. C’est trop injuste. C’est insupportable. Et puis, dessous… j’ai de la peine. J’ai vraiment beaucoup de peine. J’aurais aimé… J’aurais tellement aimé profiter de ma vie. Profiter de ma vingtaine. Finir mon adolescence doucement. J’aurais voulu avoir ce droit-là. Je pense que je l’aurais mérité.

C’est raconté sans pathos, sans surenchère dramatique, mais avec une immense sensibilité. On suit Clara dans son quotidien et dans ses interactions avec ses proches, altérées par sa maladie. L’autrice raconte aussi la difficulté pour ces derniers de savoir quoi faire, comment aider leur amie qu’ils et elles voient perdre pied, qui s’isole toujours plus, tout en souffrant de cette solitude. Elle raconte les réactions maladroites, l’incompréhension, les mots et les gestes qui blessent même si ce n’était pas l’intention. Ceux qui réconfortent et qui aident, aussi.

J’ai tout aimé dans ce livre: les dessins de Mirion Malle et son choix du noir / blanc, l’expressivité des personnages malgré l’apparente simplicité du trait, les dialogues, le traitement des émotions.

La Tempête des échos, Christelle Dabos

La Passe-Miroir, tome 4: La Tempête des échos by Christelle Dabos

Difficile de résumer le tome 4 de cette saga sans spoiler les 3 précédents… et comme je réalise que je n’avais pas parlé ici des trois premiers bouquins, que j’ai lus fin 2017 – à l’époque je pensais d’ailleurs qu’il s’agissait une trilogie terminée, imaginez ma surprise en arrivant à la fin du tome 3. Je vais donc partager mon avis sur l’ensemble de la saga.

Dans le premier tome, Les Fiancés de l’Hiver, nous faisons connaissance avec Ophélie et découvrons l’univers dans lequel elle vit. De nombreuses années auparavant, l’ancien monde a disparu dans un mystérieux cataclysme. Il n’en subsiste qu’une vingtaines d’arches, des îles flottant dans les cieux. Chaque arche est gouvernée par un esprit de famille, un être amnésique et immortel, doté de pouvoirs qu’il transmet à ses descendants. Ophélie vit sur l’arche d’Anima; elle a la faculté d’animer les objets, de lire leur passé avec ses mains, et de traverser les miroirs pour se déplacer. Très douée avec ses pouvoirs, c’est également une jeune femme discrète, solitaire et maladroite, attachée au musée dans lequel elle travaille et à sa vie paisible. Elle n’est donc pas particulièrement heureuse d’apprendre qu’elle a été fiancée sans son accord à Thorn, un homme froid et énigmatique qui vit sur l’arche du Pôle.

Ophélie quitte sa famille en compagnie de son futur époux et de sa tante, qui lui sert de chaperon, pour rejoindre le Pôle, où son identité doit demeurer secrète en attente du mariage. Elle y découvre une société dont les codes changent radicalement de ce qu’elle a pu connaître sur la tranquille Anima.

Globalement, il s’agit d’une saga que j’ai beaucoup appréciée, mais dont j’ai trouvé les tomes assez inégaux entre eux. Ce que j’ai le plus aimé à propos de La Passe-Miroir, c’est l’originalité de l’univers construit par Christelle Dabos. Ses influences sont parfois perceptibles, mais on navigue bien dans un monde totalement inconnu, qu’on appréhende en même temps qu’Ophélie découvre sa nouvelle vie au Pôle. J’ai beaucoup aimé les deux premiers tomes, le deuxième en particulier; j’ai trouvé l’intrigue complexe mais déroulée de manière fluide, avec une fin qui apporte autant de réponses qu’elle n’ouvre de nouvelles questions pour introduire la suite. À partir du tome 3, l’histoire prend peu à peu un tournant spirituel et métaphysique, les enjeux deviennent de plus en plus alambiqués, et c’est là que j’ai commencé à perdre le fil. Le tome 4 est très dense, ça part dans tous les sens et j’ai trouvé les idées de l’autrice parfois difficile à suivre. Elle imagine des concepts très élaborés, sur lesquels l’intrigue repose en très grande partie et auxquels on sent bien qu’elle a longuement réfléchi, mais dont elle n’expose pas toujours les codes de manière très claire. Il en résulte une impression un peu confuse et l’impression de ne pas toujours bien saisir l’importance de certaines révélations.

J’ai terminé ce quatrième tome avec un sentiment d’insatisfaction que je n’arrivais pas à expliquer. L’impression que malgré le plaisir apporté par cette lecture, malgré le style très agréable de l’autrice, les personnages auxquels je m’étais attachée et dont j’ai aimé suivre les aventures, malgré une fin que j’ai personnellement trouvée cohérente, bien amenée et audacieuse (et que je n’avais pas vue venir), il manquait un truc. J’ai mis plusieurs jours à mettre le doigt dessus (de toute évidence, ça me travaillais un peu pour que j’y pense encore après plusieurs jours): j’aime qu’un roman, même lorsqu’il se déroule dans un univers imaginaire, dise quelque chose de notre société, qu’il porte un message et ouvre des réflexions sur le monde dans lequel nous vivons. Ici, à mon sens, ce n’est pas le cas. C’est mon principal regret à propos de cette saga, ce qui l’aurais pour moi hissée au rang, par exemple, de La Croisée des Mondes.

Évidemment, on peut aussi apprécier lire un roman juste pour la beauté de la lecture, sans y chercher une profonde réflexion sur le sens de la vie. La Passe-Miroir a très bien rempli ce rôle-là en ce qui me concerne, et m’a offert un agréable moment d’évasion et de divertissement.

Mes autres lectures

  • Une saison à la petite boulangerie, Jenny Colgan
    J’avais beaucoup aimé La petite boulangerie du bout du monde, que j’ai lu il y a deux ou trois ans, et j’ai trouvé que cette suite faisait bien son job: c’est toujours mignon, j’étais contente de retrouver les personnages, le cadre de cette petite île un peu isolée du monde dans les Cornouailles me fait rêver. Une lecture toute douce à savourer avec un chocolat chaud et un cinnamon roll encore tiède !
  • Noël à la petite boulangerie, Jenny Colgan
    Bon la par contre pour moi il s’agissait clairement du tome de trop: ça devient plus niais que mignon, certains personnages que j’appréciais dans les livres précédents sont super irritants. Peut-être une mauvaise idée d’en lire deux à la suite, ou peut-être qu’il était juste temps que l’autrice passe à autre chose.
  • La charge émotionnelle et autres trucs invisibles, Emma
    Les BD militantes d’Emma sont toujours un plaisir à lire, même si les thèmes qu’elle traite ont évidemment tendance à me mettre dans une sacrée rogne. Dans ce troisième volume, elle parle de culture du viol et de consentement; du travail invisible que les femmes effectuent pour garantir le bien-être émotionnel des hommes (aussi bien dans le cadre familial ou amical que professionnel); de l’insécurité financière qu’entraîne, pour les femmes, l’inégale répartition des responsabilités au sein des couples hétérosexuels et la dévalorisation sociale des tâches traditionnellement féminines (le travail reproductif, qui consiste essentiellement à assurer le bon fonctionnement du foyer). Elle livre enfin le témoignage d’un agent de police retraité, qui raconte les dérives autoritaires des forces de l’ordre (comportements racistes, sexistes, et globalement violents, quota d’interpellations, absence de respect des procédures, falsifications des rapports, …) et les mesures qui ont été prises à son encontre, par ses supérieurs, lorsqu’il a tenté de les dénoncer. Comme d’habitude, c’est bien raconté, bien documenté, et très accessible.
  • Échographie du vide, Camille Bonvalet
    Il est très probable que j’aie eu trop d’attentes à l’égard de ce roman, qui aborde la question du non désir d’enfant à travers la décision d’une jeune femme de 28 ans de se faire stériliser. Mais voilà, j’ai beau vouloir prendre des pincettes et me montrer indulgente vis à vis du premier roman d’une jeune autrice, je n’ai pas du tout aimé cette lecture et j’ai dû me forcer pour en venir à bout. Ce que je regrette d’autant plus que j’ai trouvé certains chapitre très beaux, bien écrits, poétiques, et qu’il s’agit d’un sujet que je considère important. Mais l’ensemble souffre d’un problème difficilement surmontable: le personnage principal, qui est également la narratrice, est absolument détestable. La majorité de ses actions et de ses décisions sont, au mieux, déplacées, et le plus souvent dictées par un égoïsme qui donne vraiment envie de lui mettre des claques. Impossible d’éprouver la moindre empathie à son égard, et donc de m’intéresser à ce qu’elle vit et à ses réflexions. Une lecture vraiment déplaisante qui m’a souvent mise très mal à l’aise et que je ne conseille pas du tout.
  • Sacrées sorcières, Pénélope Bagieu
    Je ne connais pas le roman de Roald Dahl, la BD de Pénélope Bagieu est donc une complète découverte pour moi. J’ai été charmée par le trait autant que par l’histoire; c’est à la fois très drôle et très noir, le dessin regorge de détails et comme toujours j’admire l’expressivité que Pénélope Bagieu crée chez ses personnages. Coup de cœur absolu pour la fabuleuse grand-mère. Cette BD m’a fait passer un très chouette moment !

Notes et références

  1. Wikipédia: « Programme » de calcul des nombres de Bernoulli dans la note G d’Ada Lovelace
  2. Plus d’information à ce sujet dans ce très intéressant article, cité dans les sources de Catherine Dufour: La première boucle, Philippe Guglielmetti, juin 2016
  3. Pourquoi les femmes sont nulles en maths, Fiamma Luzzati, 2014
  4. Comment les femmes ont été écartées de l’informatique, Chantal Morley, mars 2019

10 commentaires

  1. Virginie

    Répondre

    Coucou,
    Comme toujours, tes articles donnent envie de découvrir de nombreux nouveaux ouvrages! Merci pour les bons plans « confinement ».
    Des bisous
    Virginie
    ps: je suis en train de lire Tokyo 😉 A la moitié, je ne suis pas vraiment prise… On verra la fin!

    1. Aline

      Répondre

      Ah ben zut pour Tokyo, mais faut pas te forcer si tu n’accroches pas !

      Merci pour ton commentaire, bisous à toi et j’espère à bientôt 🙂

  2. Marion Maillet

    Répondre

    Coucou Aline !

    Un bel article avec plein de choses que l’on apprend, c’est chouette !
    J’adore la BD ‘Au fond du trou’, il me font tellement rire et rêver tout à la fois … Je te remercie pour les conseils de lecture en cette période de confinement – bien que pour ma part, mon petit libraire soit ouvert car il fait tabac ^^

    Le livre « C’est comme ça que je disparais » me tente beaucoup mais étant violemment sujette à la dépression et aux TCA, je dois éviter de lire des ouvrages qui en parlent trop bien, j’y replonge de suite, même si ce n’est que pour quelques jours. Néanmoins, lire ton résumé m’a plu, merci !

    Je te remercie également pour m’avoir cité via « Beauté Fatale » ! Je te rejoins dans le point qui t’a titillé un peu sur la condescendance de Mona Chollet qui est parfois présente.
    Pourtant, je la comprends aussi, j’ai du mal à tout excuser en permanence, tu vois ce que je veux dire ? Oui, y’a un moment où il faut se forcer et parfois ce n’est pas simple. Lorsqu’elle évoque Garance Doré par exemple, j’ai juste envie de l’étriller cette blogueuse car oui, elle subit le système mais elle ne se donne visiblement même pas la peine de chercher à le changer. Tout comme les magasines glamour et cie. J’ai du mal à « tout laisser passer » sous prétexte qu’on vit dans un système qui nous conditionne, même si je reconnais la difficulté …

    A bientôt Aline 🙂

    1. Aline

      Répondre

      Merci beaucoup pour ton petit mot <3

      Je comprends tout à fait ce que tu veux dire, à propos de Beauté Fatale. Je trouve indispensable – et très sain – d’analyser, questionner et critiquer le type de contenu produit par les blogueuses mode et beauté sous le prisme du féminisme. J’inclurais d’ailleurs aussi les personnes qui produisent du contenu « fitness », dont certaines me mettent un peu hors de moi. L’autre jour je suis tombée sur une vidéo « Comment ne pas prendre de poids pendant le confinement » d’une youtubeuse fitness très connue et très suivie, et j’ai trouvé cette vidéo vraiment hyper violente. Sur son blog, elle répond aux critiques sur l’existence d’une telle vidéo dans le contexte actuel par le fait qu’elle « répond à une demande de ses abonnées ». Mais à aucun moment elle ne questionne le système qui pousse plein de femmes à s’inquiéter d’une éventuelle prise de poids alors qu’on est en pleine crise sanitaire. Et à aucun moment elle ne réalise qu’elle entretient ce système avec ce type de vidéo. Il n’y a clairement aucune malveillance dans ses intentions, ça se voit bien que dans sa logique, le contenu qu’elle propose est positif et destiné à aider les gens qui la suivent. Mais je pense que quand on a plusieurs centaines de milliers d’abonné·es sur un réseau social, dont probablement des jeunes femmes souffrant de l’image qu’elles ont de leur corps, on a une énorme responsabilité par rapport au contenu qu’on diffuse.

      Tout ça pour dire que critiquer et déconstruire ce type de contenu bourré d’injonctions, même involontaires, évidemment c’est indispensable et je n’ai pas envie d’excuser ou de laisser passer ça non plus sous couvert de bienveillance entre femmes. Ce qui m’a gênée dans le bouquin ce n’est jamais le fond, mais vraiment le ton de certains passages où on sent que Mona Chollet n’a pas une très grande estime de ces personnes. Après je pense que c’est très délicat comme sujet, et qu’après des recherches aussi intensives que celles qu’elle a dû mener sur le sujet, un sacré ras-le-bol doit s’installer.

  3. Nuits

    Répondre

    Très chouette revue de lecture ! Je te rejoins tout à fait sur ton ressenti sur Beauté Fatale. Pour le coup, je ne l’ai même pas fini car en plus, ce sont des sujets sur lesquels je lis beaucoup donc j’ai trouvé que le livre ne m’apportait que peu d’idées/ressources de plus et le ton m’a dérangé. J’ai beaucoup plus aimé « Chez soi » pour le coup, la thématique m’a beaucoup parlé, je m’y suis plus retrouvée en termes de ton et j’avais bcp plus à apprendre sur le sujet !
    Cela fait plusieurs jours que je voudrais, comme toi, me lancer dans la lecture du roman de Pauline le matin mais j’arrive pas à me lever assez tôt et je suis toujours toute juste pour mes réunions du matin ahah.

    1. Aline

      Répondre

      Merci beaucoup pour ton petit mot !

      J’ai adoré « Chez soi » aussi, d’ailleurs je pense que je vais le relire prochainement. Cette lecture m’avait fait beaucoup de bien l’année dernière, j’avais été particulièrement interpelée par le passage où Mona Chollet parle du sommeil comme dernier rempart au capitalisme et au productivisme. Depuis, je réfléchis beaucoup à la manière dont la société nous pousse à rentabiliser la moindre minute de notre temps, y compris pendant nos loisirs, et ça m’aide beaucoup à lutter contre la culpabilité que je peux ressentir quand je ne fais rien.

      J’espère que tu auras l’occasion de lire le roman de Pauline, personnellement j’adore, c’est vraiment un très beau texte <3

  4. Irène

    Répondre

    Je lis aussi le roman de Pauline en ce moment et je suis très prise dedans !
    Merci pour cette très chouette sélection, tes articles sont toujours super agréables à lire
    sur le fond comme sur la forme (je suis pas très satisfaite de ça sur mon blog, j’aurais envie
    de reprendre les polices d’écriture, l’affichage des articles… mais bon j’ai pas le temps du tout ^^)

    1. Aline

      Répondre

      Merci beaucoup ! J’ai passé un bon moment à revoir la présentation de ces billets pour les rendre plus digestes même quand il y a beaucoup de texte, donc je suis bien contente que ça te plaise 😀 J’aimerais encore changer certains trucs, mais comme c’est déjà ce que je fais toute la journée pour le boulot, j’ai souvent envie de consacrer mon temps libre à autre chose.

  5. Aurore - Animal Sensible

    Répondre

    Merci pour cet article très complet et les partages de bons plans 😉
    Je découvre seulement ton blog et j’ai remarqué que tu avais mis le mien dans tes « inspirations » : merci infiniment ! ❤️

    1. Aline

      Répondre

      Merci à toi Aurore pour ton petit mot ! ♥︎

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser les balises HTML suivantes: <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <s> <strike> <strong>

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.