Un an tout pile après notre escapade vénitienne, je reprends enfin ce brouillon commencé en début d’année pour partager les images des quelques jours que nous avons passés dans la belle Cité des Doges.
Nous avions déjà visité Venise en 2014, et ça avait été un échec complet: comme souvenirs, j’en garde principalement la chaleur écrasante, la foule compacte et étouffante de certaines rues, l’antipathie de certains commerçants en pleine période touristique, et les quarante piqûres de moustiques récoltées pendant les quatre nuits passées dans la moiteur d’une chambre de bed and breakfast surplombant les canaux.
Mais au-delà de la déception, j’ai surtout conservé une certaine tristesse de ne pas avoir aimé Venise, et la certitude de l’avoir visitée au pire moment de l’année pour moi qui supporte difficilement aussi bien la foule que la chaleur – entre mai et octobre, rien ne vaut selon moi la fraicheur et la brume de l’Irlande, de l’Angleterre ou de la Bretagne. Déjà à l’époque, je savais que j’aurais tôt ou tard envie de lui donner une seconde chance, dans des conditions plus propices.
Cinq ans plus tard, notre manière de voyager a beaucoup changé, et soudain le moment nous paraissait être le bon.
Je ne vous cache pas que je me suis longuement questionnée sur le fait de retourner visiter une ville dévorée par le tourisme de masse et menacée par les conséquences du dérèglement climatique, mais aussi sur la pertinence d’en parler ici.
Dix jours à peine après le week-end que nous y avons passé, en novembre 2019, Venise était victime de la plus importante marée haute survenue depuis plus de 50 ans, dont les conséquences pour les gens qui y vivent et y travaillent ont été désastreuses. Si le phénomène de l’acqua alta est normal à cette période de l’année, des inondations d’une telle ampleur demeurent rares, bien qu’elle se produisent de manière plus fréquente depuis une vingtaine d’années.
Et puis il y a eu la pandémie; les Vénitien·nes ont redécouvert les bruits de leur ville habituellement masqués par ceux de la foule, l’eau des canaux est redevenue translucide. Au printemps dernier, après trois mois de confinement, Venise vivait un drôle de paradoxe: l’arrêt soudain du tourisme qui l’asphyxie en temps normal lui a permis de revivre, tout en faisant peser une lourde menace économique sur sa population.
Je veux vraiment croire – et c’est peut-être naïf de ma part, et peut-être aussi que je me raconte des histoires pour justifier mon désir égoïste de profiter de la beauté de Venise et d’en partager les photos – qu’il est possible de voyager autrement. Que même une ville comme Venise peut-être visitée de manière respectueuse, qu’on peut s’imprégner de sa beauté, de sa richesse historique et culturelle, de son atmosphère unique, sans pour autant tout saccager sur notre passage. Qu’on peut trouver un équilibre, qu’on peut être touriste à Venise sans la voler à ceux et celles qui y résident et la font vivre au quotidien.
Parce que voilà: Venise en novembre, ça a été le coup de cœur que j’avais tant espéré en 2014.
Malgré la pluie de la première journée, le froid et les pieds humides. Hors saison et à l’écart des lieux qui attirent le plus de visiteurs, nous avons pu réellement profiter de Venise, de sa beauté, de sa tranquillité. Nous nous sommes perdus au hasard de ses ruelles, avons flâné le long de quais peu fréquentés.
Et j’ai bien sûr pris environ 12’000 photos, tant la photogénie de Venise est indiscutable, avec ses ponts, ses canaux, ses étroites rues pavées, ses bâtiments historiques, ses balcons et terrasses magnifiquement décorés.
Journée pluvieuse, journée musées
Lorsque nous ouvrons les volets de notre hébergement, le premier matin de notre court séjour vénitien, nous découvrons un ciel gris et menaçant. Qu’à cela ne tienne: bien que mon souhait principal soit de me balader à travers les petites rues de la ville, j’ai également préparé une liste de quelques musées où nous abriter en cas de mauvais temps. En novembre, on se doutait bien que ça risquait d’être utile.
Après un très bon petit déjeuner savouré dans un minuscule café, nous commençons nos visites par le Musée d’Histoire Naturelle. Situé dans un ancien palais vénitien, au bord du Grand Canal, le lieu lui-même est très beau et j’en admire à plusieurs reprises l’architecture au cours de notre visite.
Museo di Storia Naturale
Santa Croce 1730
30135
Plein tarif: 8 € / Tarif réduit: 5 €
Gratuit pour les enfants de moins de 5 ans
Les premières salles sont consacrées à la paléontologie et aux dinosaures, ce qui me ravit. La scénographie est très soignée et les pièces très bien mises en valeur, avec notamment de beaux jeux d’éclairage.
On découvre ensuite de très belles collections naturalistes, avec parfois un petit côté cabinet de curiosité. Une salle en particulier présente bon nombre de bizarreries biologiques, animaux à deux têtes en compagnie, mais j’ai dû la fuir en vitesse à cause de la présence d’un immense squelette de crabe araignée accroché au plafond – si vous voulez éviter les cauchemars, ne cherchez pas sur Google à quoi ça ressemble.
Personnellement, je préfère m’en tenir aux végétaux séchés, aux minéraux, coquillages et trucs divers conservés dans des fioles.
Lors que nous quittons le musée, la grisaille s’est transformée en une brume épaisse et humide. Nous traversons rapidement la ville, faisons un crochet en chemin pour manger une très bonne pizza à l’emporter, puis prenons la direction des Galeries de l’Académie, un musée d’art classique qui se trouve au pied du fameux pont qui porte le même nom.
Entre temps, la pluie se met à tomber de plus en plus fort, et nous sommes étonné·es de découvrir une file d’attente plutôt longue à l’extérieur du musée; lorsque nous parvenons enfin à l’intérieur, nous avons la bonne surprise d’apprendre que ce jour-là, l’entrée est gratuite.
Pour être parfaitement honnête, la collection d’œuvres exposées ne m’a pas vraiment impressionnée, et j’étais même plutôt contente de ne pas avoir payé 12 € d’entrée. Individuellement, certains tableaux et sculptures sont sublimes, mais ça reste des œuvres très classiques, souvent religieuses; une ou deux ça va, mais je me suis rapidement ennuyée (bon par contre sur une toile représentant Jésus honoré par les Saints, on peut voir une licorne et je trouve que ça mérite d’être mentionné). J’ai davantage aimé certaines peintures représentant des scènes de la vie quotidienne à Venise aux 18e et 19e siècles, mais la thématique chrétienne y demeure très présente.
Gallerie dell’Academia di Venezia
Campo della Carita, Dorsoduro 1050
30123 Venezia
Plein tarif: 12 €
Tarif réduit: 2 € pour les personnes de 18 à 25 ans
Entrée gratuite pour les personnes de moins de 18 ans
Non loin de là se trouve la Collection Peggy Guggenheim, que nous avions déjà visitée en 2014 et que j’avais très envie de revoir. Me voici tout de suite bien plus dans mon élément: art contemporain du début du 20e siècle, une période que nous avons largement étudiée pendant mes études en école d’art et que j’aime énormément. Dès l’entrée du musée, on peut par exemple contempler un magnifique mobile d’Alexander Calder, un artiste dont j’adore le travail.
Le cadre du musée est également très beau: on se trouve dans l’ancien hôtel particulier de Peggy Guggenheim, un sublime bâtiment qui borde le Grand Canal. Les jardins situés dans la cour intérieure, où Peggy Guggenheim est enterrée en compagnie de ses 14 chiens, sont également très beaux – même si nous n’en profitons que peu ce jour là, à cause de la pluie désormais battante.
Collezione Peggy Guggenheim
Palazzo Venier dei Leoni, Dorsoduro 701
30123 Venezia
Plein tarif: 15 €
Tarif réduit: 9 € pour les enfants et étudiants jusqu’à 26 ans,
13 € pour les personnes de plus de 65 ans
Sur le chemin du retour vers notre hébergement, nous tombons par hasard sur une exposition consacrée à Léonard de Vinci, constituée de reproductions des machines qu’il a imaginées, le tout installé dans la très belle Église de San Barnaba. L’exposition est interactive, on peut tester certaines installations pour mieux comprendre leur fonctionnement, c’était à la fois ludique et intéressant. Ça doit être chouette à visiter avec des enfants.
Leonardo da Vinci – La mostra a Venezia
Chiesa di San Barnaba
Campo San Barnaba 2771, Dorsoduro
30123
Plein tarif: 8 € / Tarif réduit: 5 €
Balade dans les quartiers de Cannaregio et Dorsoduro
Heureusement, la pluie ne dure pas: le lendemain matin, le ciel est presque bleu, et les derniers nuages s’évaporeront avant midi.
Pas de programme particulier pour cette deuxième journée, nous nous laissons porter par nos pas, de ruelle en ruelle. Nous préférons éviter les lieux très touristiques qui rassemblent beaucoup de monde même hors saison, et partons déambuler d’abord dans le quartier de Cannaregio, au nord ouest de la ville, avant de redescendre vers Dorsoduro.
Ici, nulle trace de l’effervescence qui peut régner dans d’autres coins de Venise. On flâne le long des canaux en observant les bateaux qui les sillonnent, on s’arrête pour boire un café et manger une pâtisserie, on s’émerveille à chaque coin de rue de la beauté de l’architecture et de la douceur qui semble régner dans cette zone de la ville.
On regagne parfois une rue plus fréquentée, mais il suffit de quelques pas pour retrouver le calme et la tranquillité. En l’absence de voitures et à l’écart de la foule, Venise bénéficie par endroits d’un silence qu’on ne rencontre jamais en ville; assis sur banc au bord d’un canal, on n’entend que le clapotis de l’eau et le cris des goélands, troublé brièvement par le bruit d’un bateau à moteur qui s’estompe aussitôt qu’il s’éloigne.
J’ai eu un immense coup de cœur pour ces deux quartiers où j’ai adoré me perdre, mais c’est également pour tous les recoins un peu secrets dans lesquels on atterrissait en arpentant les lieux plus fréquentés.
À Venise, chaque coin de rue semble dissimuler un trésor potentiel; il nous est arrivé de juste chercher un endroit un peu à l’écart pour manger notre pizza à l’emporter et de nous retrouver dans une impasse aussi isolée que photogénique.
Venise la nuit
De Venise en juillet, je garde aussi le souvenir des soirées longues et douces passées en terrasse ou à flâner au hasard des rues, pour profiter des températures un peu plus supportables. En novembre, évidemment, c’est une autre histoire, puisqu’il faisait nuit avant 18h et qu’entre le froid et l’humidité, les gens se pressent davantage à l’intérieur des bars et restaurants que sur les terrasses (même si certaines places demeurent bien animées).
Et à vrai dire, j’ai adoré déambuler dans ville bien après le coucher du soleil. C’est alors une toute autre atmosphère, un peu mystérieuse, qui s’installe dans les rues au fur et à mesure qu’elles se vident de leurs passants et qu’elles plongent dans l’obscurité.
9 commentaires
Laurelas
Chouette visite et jolies photos ! Ça me rappelle mon propre séjour là bas il y a deux ans (dont j’ai aussi parlé récemment sur mon blog :)) et je crois que l’automne est vraiment une période idéale pour visiter Venise 🙂
Aline
Merci beaucoup Yasmine <3 J'ai aussi trouvé que l'automne était une période parfaite pour visiter Venise; au delà du fait que la ville est un peu plus calme qu'en pleine saison, j'ai trouvé que la lumière particulière de cette saison lui allait particulièrement bien, de même que l'atmosphère créée par la brume. Je suis vraiment heureuse d'avoir pu redécouvrir Venise à ce moment de l'année.
Et c'est justement ton billet vénitien qui m'a motivée à terminer le mien, que je laissais traîner depuis des mois. Merci pour ça aussi ! 🙂
Charlie
Oh là là ces photos de Venise sont magnifiques, avec mention spéciale pour celles prises à la tombée de la nuit ! <3
Contente que tu ais redécouvert la ville différemment, plus en accord avec ton rythme et tes envies 🙂
Aline
Merciiii <3 J'ai adoré ces balades nocturnes, j'ai trouvé Venise particulièrement belle à la tombée du jour. Et je suis très contente aussi d'avoir pu la visiter dans de meilleures conditions pour moi, c'était vraiment parfait.
Mithrowen
Oh Venise, j’y suis allée pour la première fois cette année en septembre, car longtemps j’hésitais, je n’avais pas envie que mon voyage soit gaché par la foule et en plus les prix étaient toujours assez cher. Mais on a profité (c’est moche à dire) de la crise sanitaire et on pu y aller en septembre, payer peu cher pour un hôtel bien situé et surtout profiter de la ville avec très peu de monde et un temps magnifique. Et après y avoir été je comprends la fascination pour cette ville, c’est somptueux.
L&T
Magnifiques photos ! ça me donne tellement envie de visiter cette ville. Je comprends que les afflux de touristes puissent gâcher le voyage, mais en effet découvrir la ville en automne ou en hiver est une super bonne idée!
Aurore - Animal Sensible
Comme d’habitude, tes photos sont sublimes et donnent très envie de voyager (ainsi que ton texte) ! Venise est une destination qui me tente pas mal mais comme toi, certainement pas en été ! #teamjenesupportepaslachaleur et #teamausecourslafouledetouristes ^^
Mamilola
15 ans que ns passons 1 semaine a Venise surtout en mars…excellent mois pour visiter cette si belle ville. Il fait encore un peu frais mais beau…tres peu de pluie. 2 fois en septembre…encore trop de monde a mon gout . En mars peu de touristes le carnaval est passe…bref on adoore…cette annee pour de multiples raisons ns y allons mi novembre…a voir donc ds 2 mois..
On a fait decembre/janvier..le feu d artifice du 31 sur la lagune…magnifiiiique. pour moi les mois a fuir sont ceux de juin a septembre. Voila mon avis sur cette merveille
voyage Venise
C’est sublime… Vos photos et votre mise en page sont grandioses…